Les rhumatismes inflammatoires chroniques

Les rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC) forment une grande famille de maladies chroniques qui ont pour point commun d’occasionner des douleurs inflammatoires au niveau des articulations (mains, poignets, pieds, chevilles, genoux, coudes, épaules, hanches…) et/ou de la colonne vertébrale. Ces douleurs articulaires s’accompagnent parfois de gonflements articulaires (arthrites) et de raideurs articulaires ou rachidiennes, et de fatigue. Cependant, les mécanismes d’action sont différents d’un RIC à un autre. 

La polyarthrite rhumatoïde et les spondyloarthrites (dont le rhumatisme psoriasique) sont les RIC les plus fréquents. La polyarthrite rhumatoïde touche environ 0,5 % de la population française, soit plus de 300 000 personnes⁽¹⁾. Le groupe des spondyloarthrites touche environ 300 000 personnes également⁽²⁾, dont 93 000 rhumatismes psoriasiques⁽³⁾. 

Les maladies articulaires associées aux maladies systémiques (générales), également appelées connectivites, sont plus rares. Elles peuvent s’exprimer sous forme articulaire et atteindre plusieurs organes. Il s’agit du syndrome de Sjögren (ou syndrome de Gougerot-Sjögren), du lupus, de la sclérodermie, des vascularites, des polymyosites… On compte environ 100 000 cas de syndrome de Sjögren et 50 000 cas de lupus en France⁽⁴⁾. 

La pseudo-polyarthrite rhizomélique fait également partie de la famille des RIC, bien qu’ayant une place à part. 

Enfin, les arthrites juvéniles idiopathiques sont les rhumatismes inflammatoires chroniques de l’enfant entre l’âge de 1 et 16 ans. 4 000 à 5 000 enfants sont touchés en France⁽⁵⁾.

Les rhumatismes inflammatoires chroniques évoluent sur une longue durée, le plus souvent durant toute la vie, avec des phases de poussées. On ne peut pas les guérir mais on peut les soigner. C’est pourquoi ils nécessitent un suivi médical et, dans la très grande majorité des cas, la prise d’un traitement à vie permettant parfois d’obtenir la rémission, c’est-à-dire une mise en sommeil de la maladie. 

Certains rhumatismes inflammatoires chroniques tels que la polyarthrite rhumatoïde, le syndrome de Sjögren, le lupus ou la sclérodermie sont des maladies auto-immunes, ce qui signifie que le système immunitaire dysfonctionne et « s’emballe » pour attaquer les articulations ou des constituants de l’organisme, par le biais de l’inflammation. Ce dysfonctionnement peut se traduire par la production d’auto-anticorps (anticorps dirigés contre soi) dans le sang, dont la recherche aide au diagnostic. 

Les causes des rhumatismes inflammatoires chroniques sont encore mal connues. Pour certaines maladies, des facteurs de prédisposition génétique ont été identifiés (mais ce ne sont pas pour autant des maladies héréditaires). Cependant, ils n’expliquent pas à eux seuls le déclenchement de la maladie, on parle de maladies multifactorielles : des facteurs hormonaux, infectieux et environnementaux (tabac, alimentation, stress…) sont également en cause. 

À l’occasion de la première poussée d’un RIC, le médecin traitant puis le rhumatologue vont faire toutes les investigations nécessaires (interrogatoire, examen clinique, analyses sanguines, urinaires, examens d’imagerie…) pour poser un diagnostic et éteindre progressivement la poussée (parfois même avant que le diagnostic soit clairement établi) en introduisant un traitement symptomatique (qui agit sur les symptômes de la maladie) puis, dans la très grande majorité des cas, un traitement de fond (qui agit sur les mécanismes de la maladie afin de freiner voire stopper son évolution), et initier un suivi régulier. 

L’évolution d’un rhumatisme inflammatoire chronique dépend de la maladie elle-même mais aussi du patient, de ses antécédents, de son mode de vie, de sa réponse aux traitements, de sa régularité dans la prise des traitements et dans son suivi médical… Ainsi, chaque cas est unique mais globalement, la prise en charge des rhumatismes inflammatoires chroniques a connu d’énormes progrès depuis les années 2000, et les formes extrêmement sévères et handicapantes sont aujourd’hui devenues rares.