Des ateliers de nutrition pour apprendre à bien manger sans stress
Quand on souffre de rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC), on a souvent de nombreuses interrogations autour de son alimentation. Anne Gabrielle Dumont, diététicienne-nutritionniste spécialisée dans l’accompagnement des personnes malades chroniques, notamment atteintes de RIC, en sait quelque chose. Depuis plusieurs années, elle anime des ateliers d’éducation thérapeutique du patient (ETP) autour de la nutrition. Entre conseils pratiques et décryptage des idées reçues, elle nous raconte comment elle aide les malades à comprendre comment mieux se nourrir, sans culpabilité.
Publié le 27/05/2025

« Je suis diététicienne-nutritionniste spécialisée dans l’accompagnement des personnes atteintes de maladies chroniques. Depuis 2019, j’interviens lors d’ateliers d’éducation thérapeutique du patient (ETP) à la clinique Beau Soleil à Montpellier, où j’accompagne notamment des personnes souffrant de rhumatismes inflammatoires chroniques (RIC).
Ma spécialisation s’est faite petit à petit et s’est d’abord focalisée sur l’endométriose, car je suis moi-même atteinte de cette maladie. Puis j’ai commencé à intervenir dans des ateliers en service de rhumatologie, auprès de patients souffrant de RIC.
C’est là que j’ai réalisé qu’il y avait des points communs entre ces maladies, du fait de leur chronicité et leur impact sur la vie quotidienne, mais aussi dans les questions que se posent les patients, notamment par rapport à l’alimentation. Beaucoup cherchent soit une cause, soit une solution à la maladie dans leur manière de se nourrir, et se questionnent sur la nutrition.
Aujourd’hui, je donne deux types d’ateliers d’ETP : des ateliers pratiques de cuisine en visio, et des ateliers plus théoriques, en présentiel, autour de la nutrition et de l’alimentation. Ils réunissent à chaque fois une dizaine de personnes pendant 2 heures.
Les ateliers de cuisine s’articulent autour de repas, parfois à thème selon la période (par exemple un repas de Noël en fin d’année), où l’on apprend à utiliser des aliments de saison. La majorité des participants cuisinent en même temps que le cours, même si certains se contentent d’observer. C’est un moment très convivial, où nous nous montrons fréquemment notre avancée, et il est amusant de voir que même en suivant la même recette et en utilisant les mêmes ingrédients, les assiettes sont toujours très personnelles. Chaque session est également l’occasion d’aborder des sujets plus transversaux autour de l’alimentation, en fonction des aliments utilisés ou des questions des participants.
Les ateliers en présentiel sont plus ciblés sur un thème spécifique à chaque fois : le rôle particulier de certains nutriments dans l’alimentation (les fibres, les graisses, les protéines…), les sensations alimentaires (faim, satiété…), comment se tourner vers une alimentation plus végétale sans forcément supprimer d’aliments… Parfois, nous abordons des conseils plus spécifiques aux RIC qui répondent à des interrogations ou préoccupations courantes (les astuces pour cuisiner en cas de douleur/perte de mobilité des doigts/poignets/épaules, les habitudes à mettre en place dans l’assiette pour lutter contre la fatigue chronique, l’intérêt ou non et les risques liés aux régimes d’éviction, les recommandations officielles de la Société Française de Rhumatologie, l’adaptation de l’alimentation lors de la prise de cortisone ou de traitements qui font prendre du poids…).
Les patients atteints de RIC entendent souvent des recommandations différentes et parfois contradictoires. Avec ces ateliers, j’espère leur apporter des clés de compréhension pour s’y retrouver parmi tous ces conseils, les amener à vérifier la fiabilité de leurs sources et les pousser à questionner leur rapport à leur alimentation. Il ne s’agit pas de leur donner des règles très précises et strictes sur ce qu’ils peuvent ou non manger, mais de leur permettre de faire des choix éclairés quant à leur manière de se nourrir.
C’est aussi une occasion de rassurer les personnes qui sont parfois angoissées à l’idée de ne pas manger assez équilibré. Parfois, les injonctions à « bien manger » provoquent du stress et de la fatigue, ce qui a un impact négatif sur la maladie. Il faut donc déculpabiliser, rassurer et apprendre à ne pas oublier la notion de plaisir dans l’alimentation. »
Pour en apprendre plus sur l’alimentation :